La dépression vue par l'enfant du depressif PARTIE 1 :

Je m'excuse d'avance pour tous les dépressifs qui ne sont pas prêts a lire ces mots, vous devriez peut être fermer cette page sans rien lire de la suite !

J'ai 27 ans, mariée avec un enfant, une petite fille adorable de deux ans. J'ai mis fin a un combat vieux de près de 17 ans maintenant, le combat d'une fille voulant récupérer sa maman, perdue dans les méandre de son esprit cloisonné par le nombrilisme grandissant des gens s'enfermant dans leur dépression.

Quand j'avais tout juste 10 ans ma mère a sombrer dans une dépression plutôt profonde de près de trois ans. Mes soeurs avaient toutes au moins 15 ans, assez grandes pour comprendre les conséquences de ce changement dans nos vies, assez grandes pour se protéger émotionnellement. C'était pas mon cas, malheureusement ... Je ne me souviens pas avoir vu qui que ce soit durant ces trois années, mis a part ma mère endormie sur son canapé et moi même. Je sais que d'autres personnes vivaient avec nous, mon père, me sœurs, mais pas moyen de me souvenir de les avoir vus durant ces années la !

Mais je me souviens de quelques autres petites choses que j'ai vécu durant ces interminables mois a attendre que ma mère se réveille. La première chose que je me rappel, comme encré en moi,ce sont les mots de mon médecin de famille, que je connaissais depuis ma naissance, après une visite a ma mère. Il m'a vu dehors en train de pleurer, assise par terre a coté de mon chien, et il m'a dit :

Je sais que c'est pas facile pour toi, la dépression n'est pas une maladie, un jour ta mère le comprendra et arrêtera les médicaments. La dépression c'est se regarder le nombril, tu comprends ? Elle regarde ses soucis et les regardent encore, elle ne voit plus que ça et ça l'obsède tellement qu'elle ne peut plus rien faire d'autre. Sois patiente, elle finira par revenir.

Il avait raison et tord, mon médecin de famille ... 

Moi entre temps, pendant ces 36 mois, je me souviens d'une autre chose, un après midi d'été. J'étais
dans ma chambre et je pleurais comme souvent, je me sentais vraiment seule et en toute honnêteté ,j'étais seule. Je devais avoir 12 ans, il faisait beau et le soleil commençait a se coucher. j'ai ouvert la fenêtre et j'ai regardé en bas ... Je vais vous livrer mes pensées telles qu'elles me sont parvenue a l'époque :

Si je saute la tout de suite, je suis sur que personne ne se rendra compte que je suis morte en bas, mon corps aura le temps de presque disparaître dans la terre avant que ma mère ou mon père se dise ''Tiens mais ou est Deborah, ça fait un moment qu'on l a pas vu quand même''. Ils viendrons dans ma chambre, verront la fenêtre ouverte et en regardant en bas il découvrirons enfin la vérité, ou peut être pas parce que si ça se trouve j'aurais déjà été recouverte par les feuille de l'automne ... J'ai toujours aimé l'automne, je vais peut être attendre un peu avant de sauter, pour voir une dernière fois les feuilles changer de couleurs !

C'est a peut près a ce moment la que j'ai commencé a essayer de la réveiller par tous les moyens possibles. Je rentrais de l’école et je claquais la porte d'entrée comme une furie en la voyant encore allongée sur son canapé. D'ailleurs elle adore en rire et raconter ça a tout le monde, avec sa version édulcoré de la situation pour me faire passer pour la mauvaise, disant aux gens qu'a chaque fois qu'elle essayait de se reposer je faisait exprès de claquer la porte pour la réveiller et l’empêcher d'aller mieux. 

Ces trois années ont été une épreuve difficile a vivre, a comprendre, a accepter ... Mais en réalité j'aurais préféré qu'elle reste sa vie entière a dormir sur ce canapé minable plutôt que de vivre l'enfer qui a suivi ce passage dépressif. Non contente d'avoir volé mon insouciance d'enfant, d'avoir faillit me tuer par sa non présence, la femme qui se réveilla au bout de ces années d’absence n'était plus ma maman, celle contre qui je cherchais le réconfort après une dispute ou une mauvaise note, après être tombée a vélo ou avoir perdu mon jouet préféré ...

Oui ma mère s'est apparemment réveillée de sa dépression comme m'avait promis mon médecin, mais pas parce que son nombrilisme lui avait sauté aux yeux, non, plutôt pour se venger de la vie, pour détruire ceux autour d'elle qui avaient et auraient l’indécence d’être plus heureux qu'elle ou de posséder une chose qu'elle désirait sans l'avoir obtenue.

A 13 ans, après avoir attendu son retour avec impatience, la claque que je me suis prise au moment ou elle m'adressa la parole pour la première fois depuis son ''réveil'' me mis plis bas que terre, sans comprendre ce qui venait de m'arriver :

''Tu as fais ce que tu voulais pendant ces trois ans, maintenant je suis de nouveau capable de faire ton éducation et tu vas filer droit, les vacances c'est fini !''

La fin d'un enfer, le début d'un autre ...

A SUIVRE

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